La poupée

La Poupée

Comme toutes les petites filles, elle rêvait d'avoir la plus belle des poupées. Il l'emmena au magasin de poupées, la commande fut passée, il fallait attendre quelques mois, le temps de la confection. Attendre, elle n'aimait pas ça, ce fut long et nauséeux, elle se sentait seule, elle se sentait mal, elle pensait que tout irait mieux, une fois qu'elle aurait sa poupée. Et le grand jour arriva, elle ne tenait plus en place, des cris et des larmes, lorsqu'elle reçut son cadeau, elle n'avait de cesse de la regarder, de la cajoler, elle l'emmenait partout avec elle. Elle voulait la montrer à tout le Monde.  Un jour, alors qu'elle partait en voyage, on lui dit qu'elle ne pouvait pas emporter sa poupée, elle en fut malade, elle pleura tellement qu'on lui permit de garder son trésor. Mais les temps changeaient, et elle s'intéressait à de nouvelles choses, elle passait de moins en moins de temps avec la poupée, tant et si bien, qu’elle finit par l'oublier chez sa tante. La poupée y resta longtemps, trop longtemps, quand elle alla la récupérer, elle ne pu la reconnaître parmi les autres poupées. Elle s'était habituée à vivre sans sa poupée, alors elle la laissa là bas, et tous les autres enfants purent jouer avec la poupée, on lui coupa les cheveux, on dessina sur son visage, on lui arracha le bras, puis la jambe, on la laissa traîner dans la boue, on lui déchira ses beaux habits. Et quand elle allait chez sa tante et revoyait sa poupée, elle la trouvait différente et démodée, jamais elle n’eut l’envie de la reprendre, elle essaya quand même de jouer avec elle, de la ramener à la maison, mais le cœur n’y était plus. Cette poupée n'appartenait à personne mais tout le monde pouvait jouer avec elle pendant la journée, mais  une fois le soir venu, quand les enfants emportaient leurs jouets favoris  avec eux, dans leurs lits, la poupée restait seule, abandonnée, par terre là où on l'avait laissée. Ce manège dura longtemps, et plus le temps passait, plus la poupée s'éloignait de la chambre des enfants, le salon, le couloir et ensuite la véranda, et le jardin. Tant et si bien qu'elle finit dans le caniveau sans que personne n'y prête attention. Elle non plus ne remarqua pas sa disparition.. Comme toutes les petites filles, elle pensait que ces souhaits n'étaient pas des caprices, mais comme toutes les petites filles, elle avait finit par se désintéresser de ce qu'elle avait tant désiré, une fois qu'elle avait eu de nouveaux jouets.