Méfions nous de ces Idoles

Avant j'étais jeune  mais ça c'était avant

Plus jeune, j'entendais souvent des personnes plus âgées se plaindre du changement des moeurs, "en leur temps ce n'était pas comme ça..." etc, etc. A l'époque je ne comprenais pas, je les trouvais trop conservatrices, un peu dépassées.

Aujourd'hui, je suis, à mon tour, une personne conservatrice et un peu dépassée.

Mais où va le Monde ?

Qui ne se pose pas cette question est sûrement trop jeune pour avoir connu des jours meilleurs.

Dans un Monde dans lequel de trop nombreux adultes sont restés des enfants égoïstes et capricieux, il est difficile de faire le tri, et la frontière entre le bien et le mal est une ligne floue.

Désorientés et confus

Les jeunes années sont un moment où on a fortement besoin d'être éduqué, on est sur une route où les voitures vont dans tous les sens, on ne sait pas trop quel chemin suivre, quel code de conduite respecter, et ce qu'on trouvera une fois arrivé à destination. Pour ce voyage, les premiers accompagnateurs sont les parents.

Les parents parfaits n'existent pas mais trop de parents ne sont pas des référents modèles:

 parce qu'ils ne sont pas là. 

Ils ont quittés le foyer, ou ils travaillent trop pour subvenir aux besoins de leurs enfants et leur consacrent peu de temps:

parce qu'ils sont trop exigeants

En réaction à la dureté de la vie, ils veulent les préparer au pire et sautent les étapes, les enfants en réaction à cela font le contraire de ce qu'ils attendent:

parce qu'ils ont un style de vie trop éloigné de la réalité

Ils donnent une éducation trop différente de celle que reçoivent les enfants lorsqu'ils évoluent en dehors du cadre familial:

parce qu'ils sont méprisés par la société 

Les enfants ne veulent pas s'identifier à eux  (cela même s'ils travaillent dur parce que même si le travail est une valeur importante, rien ne vaut l'argent).

Il existe bien d'autres raisons mais le résultat est le même, les repères familiaux sont souvent flous et/ou insuffisants. Et si on ne peut pas toujours compter sur la famille pour donner des repères fondamentaux clairs, on devrait pouvoir trouver des repères sociaux adaptés, de nos jours ce n'est pas souvent le cas.

Les jeunes sont à la recherche de personnes qui leur ressemblent ou auxquelles ils souhaitent ressembler.

Et la société leur offre des idoles à adorer.

Les idoles des jeunes

Je ne suis pas très fan de l'idolâtrie, surtout celle de l'homme par l'homme. Mais je concède que nous avons tous besoin de modèles dans la vie et ce, encore plus lorsqu'on est jeune et qu'on ne sait pas quelle est sa place dans ce vaste Monde.

Comment faites vous pour produire autant de chansons ? Cette question a-été posée il y a quelques années, à un chanteur producteur de renommée internationale sur un plateau de télévision, à une heure de grande écoute. Sa réponse a été : "Je sors beaucoup" ce qui a entraîné beaucoup de rires et de regards complices sur le plateau, ce fut pour moi une réponse très surprenante.Si elle est sûrement vraie, parce que dans ce type de métier et pour le genre de musique très "club" qu'il produit, il doit fréquenter de nombreux lieux de vie pour prendre la température et trouver l'inspiration,  mais elle est aussi sûrement incomplète. Il a omis de préciser qu'il passait d'innombrables heures en studio, que c'était le résultat de nombreuses années de travail, et de quelques sacrifices. Sa réponse, un peu facile et destinée à faire rire, pourrait laisser penser que le succès est facile pour celui qui a du talent. Mais la réalité c'est que le talent ne suffit pas, il suffit de regarder autour de soi pour s'en rendre compte, nombreux sont les jeunes artistes qui ont du mal à percer ou à vivre de leur art. Et ce, même en travaillant dur, tout le monde n'y arrive pas. Etre artiste ce n'est pas facile, ça se travaille  et il faut du talent pour réussir.

Mais aujourd'hui même le talent ne semble pas nécessaire pour réussir. Il suffit parait-il "d'être soi-même", des personnes sont "célèbres" parce qu'elles se montrent "telles qu'elles sont". Mais être soi-même dans un monde superficiel où on surjoue les sentiments, où on met en avant ce qui est faux, où on rejoue des scènes pour faire plus vrai, où on expose ce qui est intime et cache ce qui devrait être montré etc  C'est très conceptuel...Et tout cela est présenté comme étant la réalité, ce qui est perturbant et inquiétant. Des gens sans compétences ou connaissances particulières deviennent des  modèles, des moules  pour de jeunes esprits malléables. On devrait admirer ce qu'il y a d'admirable, mais la distinction entre ce qui l'est et ce qui ne l'est pas est, elle aussi, une ligne floue.

Pour réussir, travailler dur est indispensable, la vie n'est pas facile et les opportunités sont rares, il faut être là au bon moment pour les saisir.

Etre fan n'est pas le problème, on peut être fan en ayant tous les bons repères.

Le problème, c'est que la qualité de ces idoles est douteuse. Involontairement ou pas ces idoles sont des modèles de réussite, des exemples à suivre . Ces idoles ne vendent même pas du rêve, elles font dans le bas de gamme.

Elles diront qu'elles ne sont pas là pour ça, qu'elles sont elles aussi humaines, c'est vrai. C'est pourquoi elles devraient être conscientes de leurs responsabilités et veiller à produire des travaux irréprochables. Les messages qu'elles véhiculent ont un impact important sur leurs audiences, elles  se présentent volontiers comme lanceuses de tendances mais réfutent leur devoir d'exemplarité. Les idoles ne peuvent nous vendre que leurs images, elles devraient donc y faire attention.

Parmi ces idoles qui prétendent n'avoir aucune responsabilité et vouloir uniquement faire vivre leur art, on en entend même certaines chanter" Everybody dies but not everybody lives"(Tout le monde meurt mais tout le monde ne vit pas) avec un cynisme effarant. Veulent - elles vivre aux dépens de ceux qui les écoutent ?

Des images excessives et agressives

Aujourd'hui regarder une publicité, un clip, un programme télévisé c'est souvent se demander si on ne va pas se transformer en statue de sel.

La nudité est naturelle, la sexualité est naturelle.Ce qui fait grincer des dents c'est cette nudité inappropriée qui est utilisée pour dépersonnaliser les corps, celui des femmes en particulier.Je me souviens d'un temps où les chanteuses chantaient habillées parce qu'elles étaient chanteuses et non strip-teaseuses, où on n'exhibait pas des jeunes femmes nues juste pour faire parler d'une bonne chanson, où les textes avaient du sens et n'étaient pas des publicités déguisées. Cette hyper-sexualisation injustifiée ne peut pas être sans conséquences.

Sexy d'accord. Trop sexy ? non merci.

Et sexy a perdu de son sens

Tout est sexy aujourd'hui. Sexy n'est plus séduisant ou affriolant c'est juste vulgaire, ce n'est pas sensuel c'est sexuel, ce n'est plus érotique c'est pornographique.

Et tout est sexy

Les scènes pleines de violence et d'agressivité sont présentées comme étant de sexy ou glamour. L'autoritarisme, la répression, le suicide, le viol, le meurtre et même la guerre. C'est le pouvoir d'un marketing hautement nocif, le réel a perdu de sa saveur, on édulcore , on saupoudre de "sexy" et c'est vendu.

On fait la fête tout le temps et de façon excessive, on abuse de drogues, d'alcool et de sexe.

Dans de nombreux clips et films, faire la fête c'est tout ça, sans limites. On apprend aux jeunes à associer la joie à l'alcool, le cool à la cigarette, la liberté à la sexualité débridée. Tout ça ce n'est pas être libre c'est être asservi par tous les codes vendus par le divertissement.  Le battage médiatique fait autour des idoles sert à promouvoir un style de vie inadapté à la vie humaine. Et les dieux qu'ils nous vendent sont des faux dieux et leurs lois sont fausses, elles aussi. Non seulement c'est irresponsable mais c'est aussi dangereusement déstructurant et dévastateur.

Croire que c'est comme ça qu'on profite de la vie fausse grandement les objectifs qu'on peut se fixer. On ne vit pas uniquement pour se divertir et consommer. Mais le message envoyé par le monde du divertissement est tellement puissant que certains ne vivent que pour consommer et se divertir, ils n'accordent de valeur qu'aux choses qui ont un prix, et plus c'est cher, mieux c'est.

Et ceux qui ne consomment pas, ont l'impression de ne pas vivre, la pression sociétale est constante et personne ne veut se retrouver au bout de la chaîne. Personne ne veut servir d'exemple. Personne n'échappe à cette pression, tant elle est insidieuse et contagieuse.

Ce culte des abus, stimule nos bas instincts et annihile nos ambitions. Ces divertissements sont trop distrayants, trop dérangeants, trop déroutants. Trop c'est plus qu'assez, cela donne la nausée.Alors, méfions nous de ces idoles.